Méthodes de protection des végétaux

INTRODUCTION A LA LUTTE INTEGREE

“La lutte intégrée implique l’association de différentes méthodes de lutte contre les ennemis des cultures de manière compatible et économique. Les méthodes utilisées dépendent de la culture et de la situation phytosanitaire, mais aussi de la situation du paysan.”

Au Tchad et dans d’autres pays du Sahel, beaucoup de paysans pratiquent une agriculture de subsistance. Dans cette situation, le plus souvent, il n'est pas utile d'introduire des méthodes de lutte chimique, parce que celles-ci ne sont pas toujours à la portée du paysan. Le paysan n'a pas, le plus souvent, la possibilité d'utiliser ces méthodes de lutte parce qu'il ne possède généralement pas assez d'argent pour acheter les appareils de traitement ni même les produits. De plus, fréquemment, les appareils et les produits ne sont pas commercialisés. Par conséquent, il est plus utile de se concentrer sur des méthodes susceptibles d'être adoptées par le paysan.

On peut se demander quelles sont les méthodes adaptées à cette situation qui méritent d'être introduites au niveau du paysan. On peut dire en général que les paysans qui pratiquent une agriculture de subsistance sont limités en connaissances et en moyens. De plus, parce qu’il s’agit d’une agriculture extensive, ils n'ont pas l'habitude d’utiliser beaucoup de moyens ou d'effectuer un travail intensif dans leurs champs. Dans les pages qui suivent sont décrites, par ordre alphabétique, quelques exemples de méthodes de protection non-chimiques, ou de méthodes de protection chimique accessibles au paysan et peu nuisibles pour l’environnement. La lutte intégrée implique la combinaison de certaines de ces méthodes pour réaliser une protection des végétaux efficace et à la portée du paysan.

METHODES

Appâts empoisonnés

Pour la lutte contre certains insectes on recommande l'utilisation des appâts, c’est à dire d’un mélange d’une substance qui attire les insectes et d’un insecticide qui les tue. Souvent on utilise des appâts constitués à base de son et de sucre (ou bien de mélasse): 100 g de son, 10 g de sucre, 200 ml d'eau par exemple. Il faut bien mélanger l'appât avec un insecticide, par exemple du Lindane (HCH). L'appât contient entre 0,5 et 1,5 % m.a. d'insecticide selon la nature de la matière active. On répartit ensuite dans le champ la mixture obtenue par petits tas, à proximité des plantes hôtes menacées. Les insectes qui sont attirés par l'appât meurent empoisonnés. On recommande l'utilisation des appâts contre des insectes tels que les grillons, les courtilières, les iules, les vers gris et les sauteriaux.

Bacillus thuringiensis

Il existe des insecticides à base de spores et toxines de Bacillus thuringiensis (= B.t.). Ce sont des produits très spécifiques que l'on utilise surtout contre les chenilles (Lépidoptères). Comparés aux insecticides chimiques, ils offrent l'avantage de ne pas tuer les ennemis naturels. De plus, ce sont des produits qui ne sont pas toxiques pour l’utilisateur et les consommateurs.

Actuellement, au Tchad il n'y a pas de produits à base de B.t. commercialisés. Du moment qu'ils seront disponibles, on pourra les recommander pour lutter contre les chenilles d’un grand nombre de papillons, si leur utilisation s’avère rentable.

Baculovirus

Un certain nombre de chenilles est très sensible aux Baculovirus. On peut les combattre avec une bouillie préparée à partir de chenilles infectées par ces maladies virales que l'on trouve dans le champ. On peut reconnaître facilement au champ ces chenilles infectées. Les chenilles vertes de la Fausse arpenteuse du chou (Trichoplusia ni), par exemple, deviennent d'abord blanchâtres et inactives après être infectées. Elles tendent à migrer vers le haut dans la plante. Ensuite, on les trouvent suspendues à la face inférieure des feuilles. Finalement, elles deviennent noires et sont alors remplies d’un liquide qui suinte.

Il faut tout d’abord récolter environ 20 chenilles blanchâtres infectées et bien les écraser avec un peu d'eau. On passe le broyat ainsi obtenu à l’aide d’un tissu propre. Enfin, on dilue le broyat jusqu'à obtenir un volume de bouillie suffisant pour traiter d'environ un demi hectare. Après 3 à 4 jours, les chenilles atteintes deviennent malades et meurent. Il est important que l'on fasse cette application le plus tôt possible, lorsque les chenilles sont encore jeunes, afin d'éviter qu'elles ne fassent des dégâts sérieux. On a obtenu de bons résultats avec les chenilles de la Fausse arpenteuse du chou et de la Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera).

Une autre méthode pour répandre la maladie virale parmi les chenilles est d’utiliser la forme dormante, qui est très résistante aux facteurs de l'environnement. On peut l'obtenir par la fermentation du broyat de chenilles malades mentionné ci-dessus. On dilue ce broyat dans un pot avec de l'eau et on laisse fermenter le mélange pendant quelques jours dans le pot ouvert à la température ambiante. Les formes dormantes du virus forment un sédiment blanchâtre. On peut jeter l'eau qui est au-dessus du sédiment. On peut garder les formes dormantes jusqu'à 15 ans dans un congélateur.

Bande labourée autour des champs

Parfois, il est recommandé de laisser vide une bande labourée autour des champs. Une telle bande sans culture, ni mauvaises herbes, constitue une barrière pour les insectes qui migrent des friches vers les champs. C'est une pratique qui peut, par exemple, réduire l'invasion de bandes larvaires de sauteriaux. Une bande labourée peut aussi donner quelque protection contre les chenilles légionnaires qui migrent à partir des friches ou d’autres cultures.

Un désavantage de cette pratique est qu’elle demande beaucoup de travail (labour et sarclages) sur une superficie qui ne produira pas de récolte. Pour cette raison, la plupart des paysans n'acceptent pas cette pratique. C'est pourquoi l’on ne peut généralement pas recommander cette méthode en début de saison, mais on peut, en particulier, la recommander au moment où une invasion devient vraisemblable: Par exemple, quand les parcelles voisines de la culture sont infestées par des chenilles légionnaires.

Pour faire un barrage contre une bande larvaire de sauteriaux, on peut même faire, si les larves sont très jeunes et alors peu mobiles, quelques tranchées parallèles entre les sauteriaux et le champ. Les sauteriaux qui s’approchent du champ tombent dans ces tranchées; le paysan peut alors enterrer les larves qui sont piégées dans ces fossés, ou les détruire par le feu.

Boutures ou tubercules sains

Pour un petit nombre de cultures ce n’est pas la graine qui est le point de départ, mais des parties de la plante cultivée (multiplication végétative). Par exemple la pomme de terre est cultivée à partir de tubercules, et le manioc à partir de boutures.

Avec ce type de reproduction certains ravageurs et maladies peuvent se développer au cours de la première saison et se transmettre à la culture qui suit. Par exemple, si l’on utilise pour la production ou la multiplication des pommes de terres des tubercules de plantes infectées par le Potato Leaf Roll Virus (PLRV), les nouveaux plants seront aussi infectés. Comme deuxième exemple on peut citer le cas du manioc où la Mosaïque africaine du manioc est transmise par les boutures; de même, la Cochenille farineuse du manioc peut passer à la nouvelle culture par des boutures infestées.

Pour éviter cette transmission il est recommandé d'utiliser toujours des boutures et des tubercules sains pour la reproduction. Le paysan peut régulièrement inspecter les plantes et marquer les plantes qui ne présentent pas de symptômes de maladies ou ne sont pas attaquées par certains insectes (par exemple cochenilles). Il peut faire cela par exemple avec un petit ruban en plastique qu’il attache à la plante, ou bien encore en marquant l’emplacement de la plante avec un piquet. En fin de saison, il peut utiliser les plantes marquées pour la production de l’année suivante.

Si toutes les plantes sont infestées, on ne peut pas les utiliser pour la reproduction. Il vaut mieux se procurer des boutures ou des tubercules sains provenant d'un autre endroit, ou mieux d’un organisme officiel de production de semences certifiées. Citons par exemple la station de Gassi (Chari-Baguirmi), la ferme de Déli (Logone Occidental), et la SODELAC à Bol (Lac).

Cendres de bois

Pour la lutte contre certains insectes on peut saupoudrer les plantes avec de la cendre de bois. C'est une méthode recommandée surtout sur de petites parcelles. On l'emploie par exemple dans le cas de cultures maraîchères comme celles du gombo, du poivron, du piment et de certaines cucurbitacées. La cendre de bois est particulièrement efficace pour combattre les pucerons. C'est une méthode de lutte simple, non toxique et gratuite qui, en plus, apporte des substances minérales nutritives à la culture.

Le moment de l'épandage des cendres dépend du degré d'humidité des feuilles: Elles ne doivent être ni trop sèches (la cendre n’adhérerait pas) ni trop humides (la cendre pourrait s'accumuler dans les gouttelettes d'eau et provoquer des lésions sur les feuilles). Pour éviter ces inconvénients, on fait l’épandage tôt le matin ou le soir, au coucher du soleil.

La cendre de bois est utilisée également pour la protection des denrées stockées, par exemple pour protéger le niébé stocké contre les bruches. (voir: Protection des denrées stockées

Compostage

Le compost est produit à partir d’un mélange de résidus d'origine végétale et animale, qui subit une fermentation lente afin d'assurer la décomposition des matières organiques qu'il contient. La fermentation a lieu dans un environnement chaud, humide et aéré, grâce à la présence de différents micro-organismes (microbes) qui décomposent tous les déchets d'origine végétale et animale. La réussite des cultures dépend en grande partie des quantités d'humus mises à la disposition des plantes pour grandir et produire de belles récoltes. Quand l’on épand du compost dans un jardin ou un champ, cela améliore la structure du sol, sa capacité à retenir l'humidité et à fournir des éléments nutritifs. Le compost peut être fait à partir de résidus de récolte, mauvaises herbes, végétation de sous-bois, rejets animaux, terre imbibée d'urine prise dans les étables, excréments humains, ordures ménagères, etc. La transformation de matières végétales et animales en compost, a trois avantages importants:

  • Le poids et le volume final du compost est inférieur de moitié au poids et au volume originaux des déchets; il demande alors moins de travail pour le transport et l'épandage.
  • Les déchets organiques abritent souvent des maladies végétales, animales ou humaines. Pendant le compostage la température peut atteindre 55 à 60 °C. Exposés à ces températures élevées, la plupart des éléments pathogènes, ainsi que les graines des mauvaises herbes, sont tués.
  • Les excréments et les déchets de cuisine se décomposent mal et attirent les mouches et d’autres vermines si on les répand directement dans les champs. Si l’on en fait du compost de façon hygiénique, celui-ci est plus sain à manipuler.

Il faut éviter de recueillir des déchets tels que porcelaine, verre, fils métalliques, boîtes de conserve, tuyaux et ustensiles en plastique, piles, aluminium et étain, ainsi que les racines, bulbes iu rhizomes de mauvaises herbes pérennes qui pourraient survivre à la décomposition. Le papier peut être utilisé, bien qu'il mette longtemps à se décomposer.

On fait un mélange de matériaux végétaux et animaux, que l’on coupe ou casse en morceaux d'environ 5 cm, pour fournir plus de surface d'attaque aux micro-organismes. Le mélange doit être mouillé. Il est très important en effet d'avoir une humidité correcte: Quand il y a trop peu d'eau, le processus de décomposition est ralenti; quand il y en a trop, l'eau empêche l'air d'entrer dans la masse, ce qui ralentit aussi la décomposition. Après avoir mouillé le mélange obtenu, il faut l’entasser afin d'engendrer de la chaleur qui accélère le processus de décomposition. Le tas de compost doit laisser passer l'air afin que les microbes puissent faire leur travail. Une aération naturelle peut être obtenue en mettant les matériaux en décomposition sur des branchages. On peut construire le tas au-dessus du sol ou mettre le tout dans un trou. Sous les conditions semi-arides du Tchad, il est plutôt conseillé de le mettre dans un trou. Cela évite un dessèchement trop rapide dû à l'évaporation. Cependant, il faut éviter le risque d'inondation pendant la saison des pluies, et en conséquence creuser les trous dans des zones bien drainées et non inondables.

Dans le cas d'un trou, les mesures doivent être d'environ 1,5 x 0,9 m sur 0,6 mètre de profondeur, ce qui donnera après décomposition environ un tiers de mètre cube de compost. On estime qu'il faut en moyenne un mètre cube de compost décomposé par are (= 100 mètres carrés) de culture. Il vaut mieux placer le trou destiné à la fabrication du compost loin de la maison, dans un endroit abrité du soleil et du vent.

Trois choses sont nécessaires:

  • Une aération par en dessous. La meilleure technique pour réaliser cela est de faire reposer le tas sur une couche de 7 ou 8 cm d'épaisseur, constituée de branchages provenant d'arbres ou arbustes, et disposée au fond du trou. Un morceau de bois d'environ 7 cm de diamètre doit être enfoncé au fond du trou. Il sera enlevé une fois le trou rempli, afin de maintenir un circuit vertical d'aération.
  • Une couverture isolante pour garder au chaud le tas d'ordures. A cet effet on peut couvrir le tas avec, par exemple, des feuilles de palmier entrecroisées, de vieilles nattes ou une couche de paille. Une autre technique consiste à mettre une couche de terre de 2,5 à 5,0 cm d'épaisseur sur le tas de compost.
  • Une protection supplémentaire contre les pluies et le soleil: Il faut construire un petit toit à 15 cm au-dessus du tas. Ce toit doit être aisément démontable pour permettre un travail facile.

Si la maison ou le jardin ne produit pas suffisamment de déchets pour remplir une fosse en une opération, ce n'est pas une bonne idée d'ajouter de petites quantités de déchets chaque jour ou chaque semaine sur un amoncellement froid, car ceci ne permet pas la création d'une chaleur suffisante pour tuer les mauvaises herbes ou les germes nuisibles des maladies dans le tas. Une solution consiste à diviser la fosse, au moyen d'une partition verticale, et d'opérer dans un compartiment à la fois. Dans ce cas là, l'autre compartiment peut être utilisé pour la conservation des déchets jusqu'à ce qu'il y en ait assez pour former un tas suffisant pour réaliser du compost. Lors de cette conservation, les déchets doivent être gardés aussi secs et froids que possible, et par conséquent, ils ne doivent être ni mélangés, ni humidifiés.

Quand on a suffisamment de déchets, on peut les mélanger. On y ajoute un koro de terre, un peu de cendre et un autre koro de compost d'une précédente fournée, si l’on en dispose. Si le mélange semble trop sec, il faut l'arroser jusqu'à ce qu'il soit humide mais pas gorgé d’eau. Une fois le trou rempli, on peut enlever le bâton central, et installer la couverture isolante, puis le toit protecteur. Pour conserver une humidité constante, le mélange devra être mouillé durant le processus de décomposition chaque fois que nécessaire.

Une fois prêt, on peut laisser le tas plusieurs jours sans s'en occuper. Il se réchauffera à des températures élevées s'il y a beaucoup de rebuts d'herbes vertes, mais si la paille, les tiges ainsi que les excréments prédominent dans le mélange, il peut mettre jusqu'à 7 jours pour atteindre la température désirée de 60 °C.

Quatre à six semaines après sa construction, le tas devrait être presque froid. A ce moment, il y aura probablement des vers et des insectes, qui aident les micro-organismes à décomposer les matériaux organiques. L'essentiel du procédé de décomposition aura eu lieu, et le volume du tas aura diminué d'au moins de deux tiers. Le tas aura alors une teinte brun-noir. La maturation se fait maintenant plus lentement. Le temps de maturation du compost dépend de son utilisation. S'il doit servir comme couverture, protégeant le sol du soleil ou des pluies excessives, entre les rangs des plantations et autour des arbres (mulching ou paillage), le compost peut rester assez jeune. S'il est incorporé directement dans la terre, surtout avant le semis, le compost doit être mûr. Pour la maturation, qui ne demande ni air ni chaleur, le compost peut être enlevé de sa fosse et placé sur le sol en tas prêts à être utilisés. Mais il doit toujours être couvert pour éviter que la pluie n'entraîne les éléments nutritifs.

Cultures associées

La pratique des cultures associées consiste à cultiver deux ou plusieurs cultures au même moment dans le même champ. C'est une pratique très souvent utilisée par les paysans au Tchad.

La réduction des risques est un avantage des cultures associées déjà exposé dans le chapitre sur la diversification (voir: Diversification des cultures).

Beaucoup de ravageurs et maladies se multiplient plus rapidement dans une monoculture que dans des cultures associées. Dans une monoculture, la dispersion des insectes est plus facile et plus rapide. Dans des cultures associées, les insectes ont besoin de beaucoup plus de temps pour rechercher les plantes hôtes; c’est le cas, par exemple des foreurs de tiges. On a constaté que dans une culture associée de maïs avec du niébé, les attaques des foreurs de tiges sont moins graves.

Un autre avantage des cultures associées est que le sol est utilisé plus efficacement: En effet, en général, un mélange de différentes cultures donne une meilleure couverture du sol, ce qui diminue son envahissement par les mauvaises herbes. Dans le cas de l’association d’une céréale avec une légumineuse, la légumineuse contribue à la fertilisation de la céréale (apport d’azote). En outre, les cultures qui sont associées peuvent utiliser préférentiellement des couches différentes du sol, ou avoir des exigences nutritives différentes.

En général, on peut dire que le rendement par hectare est plus élevé dans le cas de cultures associées que dans celui de cultures pratiquées séparément.

Date du semis

Le choix de la date du semis est une pratique culturale souvent recommandée pour éviter les attaques de certains ravageurs. Les plantes sont plus sensibles aux attaques d'insectes quand elles sont encore petites. Au début de la saison de culture, les populations de beaucoup d'insectes sont encore très basses. Le semis précoce offre l'avantage que les plantes sont déjà assez grandes au moment où les populations d'insectes commencent à augmenter, ce qui contribue à limiter leurs dégâts. Citons comme exemple la mouche des pousses qui attaque les jeunes plants de sorgho: Le sorgho est particulièrement sensible à l’attaque de ce ravageur pendant les quatre semaines qui suivent la levée.

Pour éviter les dégâts causés par les pucerons, on recommande également le semis précoce. Par exemple, les jeunes plants d'arachide sont plus sensibles aux attaques de pucerons que les plantes plus âgées. Si le semis est précoce, les plantes sont déjà plus grandes et fortes au moment où les attaques de pucerons débutent.

Pour lutter contre l'Ergot du mil, le semis précoce est également recommandé. La plante est susceptible d’être attaquée par cette maladie au moment de la floraison. Un semis précoce aide à réduire l’infection initiale.

Si l’on pratique le semis à sec (pour être très précoce), il est nécessaire de traiter les semences pour protéger les graines enfouies dans le sol contre les termites et les fourmis.

En revanche, on recommande parfois un semis tardif. Par exemple, pour éviter ou limiter le développement de moisissures sur les graines, il vaut mieux effectuer un semis tardif. Le semis tardif présente dans ce cas l'avantage que la maturation des grains a lieu après l’arrêt des pluies.

Destruction des plantes malades

Parfois l’on recommande la destruction des plantes malades. C'est une méthode particulièrement indiquée dans le cas où l’on observe une maladie pouvant se disperser rapidement dans un champ.

Par exemple pour lutter contre le Mildiou du mil, il est recommandé de détruire tous les plantes qui montrent des symptômes de la maladie pendant les 30 premiers jours après la levée. Les plantes qui présentent des symptômes de mildiou pendant les premiers 30 jours après la levée ne donneront pas de récolte, mais elles sont une source d'infection pour les plantes saines. On recommande leur destruction par enfouissement profond, ou mieux par incinération.

Citons aussi le cas des charbons qui se développent sur les épis de céréales. La destruction des épis qui sont fortement couverts de charbon est recommandée. Mais il est nécessaire de le faire prudemment. Les spores des charbons se dispersent facilement avec le vent. Il est recommandé d'arracher les épis infestés et de les tremper aussitôt dans un bidon contenant du gas-oil. Puis, on les brûlera dans un endroit situé sous le vent des cultures. Une autre manière de procéder est de rassembler les épis atteints dans de grands sacs de matière plastique, en faisant attention à ne pas répandre les spores. Il n'est pas suffisant d'enlever les épis charbonneux des champs. Il faut vraiment tuer et détruire les spores par un trempage des épis dans l’eau bouillante (15 minutes), ou en les brûlant après immersion dans du gas-oil.

Destruction des résidus de récolte

Les résidus des plantes qui restent dans les champs après la récolte contiennent souvent des ravageurs ou des maladies, constituant ainsi une source d'infection pour la prochaine culture. C'est pour cette raison que l’on recommande souvent la destruction des résidus de récolte.

Par exemple, les foreurs de tiges sont des insectes qui survivent dans les résidus de récolte: Après la récolte il reste encore des larves et des chrysalides cachées dans les chaumes et les vieilles tiges. Ainsi, beaucoup de ces insectes peuvent survivre pendant la saison sèche et infester la prochaine culture. Pour réduire, voire éviter cette infestation il est nécessaire d'utiliser des méthodes de lutte qui réduisent autant que possible le nombre d'insectes survivants.

La destruction des résidus de récolte est à cet égard très efficace parce que, ce faisant, on détruit aussi les insectes et les maladies qui se trouvent dans les tiges. Pour cela, il existe différentes possibilités:

  • Brûler les tiges et les chaumes.
  • Enfouir profondément les tiges et les chaumes.
  • Faire un compost avec les résidus de récolte.
  • Nourrir les animaux avec les tiges et les chaumes.

Il y a parfois des paysans qui ne veulent pas détruire les vieilles tiges, car ils veulent les utiliser comme matériaux de construction ou pour en faire des clôtures. Dans ce cas il est recommandé de sécher les tiges en les plaçant à plat sur le sol, en couche mince, et en les laissant au soleil pendant quelques semaines. La chaleur du soleil et du sol permet de tuer une grande partie des insectes à l'intérieur des tiges.

L’utilisation d’un compost réalisé avec les résidus de récolte est surtout intéressante pour fertiliser les cultures maraîchères. On peut utiliser ce compost pour améliorer la structure et la fertilité du sol. (voir: Compostage)

Distance entre les plantes

La distance entre les plantes est un facteur qui peut agir sur les ravageurs se développant dans une culture donnée. Avec un semis dense, les plantes couvrent le sol rapidement, si leur vigueur germinative est bonne. Cela peut prévenir le développement des mauvaises herbes. Certaines plantes, si le semis est dense, sont moins attaquées par les pucerons. C’est le cas, par exemple, de l’arachide: Les pucerons ailés d’Aphis craccivora sont moins attirés vers une parcelle où la végétation est dense. De plus, une végétation dense favorise le développement d’un champignon entomophage, Entomophagus aphidis, qui peut tuer beaucoup de pucerons.

Par contre, un semis dense peut entraîner une augmentation de l'humidité dans la masse de la végétation. Cela peut favoriser le développement de certaines maladies fongiques. Par exemple l'Anthracnose (du sorgho) et le Mildiou du mil se développent facilement si l'humidité est élevée.

Généralement on recommande de semer ou de planter en lignes. Avec un semis en lignes on peut facilement uniformiser la distance entre les plantes. De plus, ce mode de semis facilite les sarclages et les autres travaux dans le champ (inspection, récolte, traitements, etc.).

Diversification des cultures

La diversification consiste à pratiquer plusieurs types de culture afin de réduire le risque de perte totale de la récolte. Un paysan, qui par exemple cultive uniquement du mil, risque de perdre sa récolte complètement lors d’une année où se développe une forte attaque de Mineuse des épis du mil (Heliocheilus albipunctella). Il peut réduire ce risque en cultivant du mil sur une moitié de sa parcelle, et du sorgho sur l’autre moitié. Parce que le sorgho n'est pas attaqué par la Mineuse des épis du mil, cette culture peut compenser, dans une certaine mesure, les pertes que l’on peut avoir du fait de ce ravageur.

On peut aussi citer des ravageurs qui attaquent le sorgho, mais pas le mil, par exemple la Cécidomyie du sorgho, qui peut causer des pertes sérieuses au sorgho, mais ne peut pas attaquer le mil.

Bien sûr, certains ravageurs et maladies attaquent à la fois le sorgho et le mil: Citons comme exemples quelques espèces de sauteriaux et de méloïdes (Psalydolytta sp.). Une diversification avec davantage de cultures est donc préférable afin de réduire les risques. La plupart des sauteriaux et des Psalydolytta attaquent différentes céréales, mais pas les légumineuses comme l'arachide et le niébé.

La diversification des cultures peut très bien se combiner avec la pratique de la rotation. Par exemple un paysan qui cultive le mil, l'arachide, le sorgho et le niébé peut avec ces quatre cultures réaliser un bon système de rotation. Chaque année il peut pratiquer les quatre cultures sur des parties différentes de son champ.

Une autre façon de diversifier les cultures est de planter des cultures associées. (voir: Cultures associées)

Engrais vert

Une façon d'améliorer le niveau de fertilité de la terre est l'utilisation d'engrais vert. L'engrais vert est une culture qui est destinée à être enfouie dans le sol. Comme engrais vert, on utilise souvent des légumineuses, qui ont un effet bénéfique sur le sol, grâce à la fixation d’azote par les racines.

L'engrais vert peut être planté comme une culture à part, entre deux cultures principales, mais aussi comme culture associée à la culture principale.

Les avantages de l'engrais vert sont semblables à ceux du fumier (voir: Fumier). Sur un sol fertile, les plantes se développent mieux, ce qui améliore leur résistance aux ravageurs.

Fosse fumière

Pour faire un fumier de bonne qualité, il est recommandé de le faire dans une fosse fumière: Il faut, avant la saison des pluies, récupérer des bouses et de la paille. On creuse une fosse dans un endroit non inondable en saison des pluies. La fosse aura, par exemple, les dimensions approximatives suivantes: 2 m de long, 1½ m de large et 1 m de profondeur. On place au fond de la fosse une couche de paille de 10 cm d’épaisseur environ et on la remplit avec de la bouse mélangée à de la paille coupée ou hachée finement. On remplit ainsi la fosse jusqu'au niveau du sol. On recouvre alors la fosse d'une fine couche de paille, puis on couvre le tout avec de la terre. Durant toute la saison des pluies, on évitera soigneusement de piétiner la fosse. Après les dernières pluies, il faut vider la fosse et étaler le fumier sur le sol pour le faire sécher. Trois à quatre jours après, lorsque le fumier est bien sec, on le met en sacs et on le stocke dans un local frais et aéré.

La quantité de fumier nécessaire varie selon les cultures et les sols. Cependant on pourra en apporter, en moyenne, 10 à 20 kg pour 10 mètres carrés, en l’incorporant soigneusement à la terre.

Fumier

Le fumier est une source d'humus importante pour l'agriculture. On en recommande l'utilisation pour fertiliser le sol et améliorer sa structure. En général, le fumier favorise le développement de la plante, l'aidant ainsi à mieux résister aux attaques des ravageurs: Une plante bien développée peut supporter ces attaques sans qu’il y ait beaucoup de dégâts, alors qu'une plante malingre est plus sensible aux attaques des insectes et maladies. L’emploi du fumier aide donc la culture à mieux résister aux attaques des ravageurs.

Il y a quelques situations où l'utilisation du fumier est encore plus recommandable, car on peut la considérer comme une méthode de protection des végétaux. Par exemple, pour lutter contre le Striga, on recommande de fertiliser le sol avec du fumier. Sur un sol bien fertilisé le sorgho et le mil souffrent moins des dégâts du Striga. Pour lutter contre les “Nématodes à galles” (Meloidogyne sp.) on recommande l'utilisation de fumier frais dans les pépinières: Le fumier permet d’autre part le développement de certains champignons prédateurs qui détruisent les nématodes.

Comme fumure, on utilise souvent des déjections animales. Dans le cas des cultures vivrières on a la possibilité de mener le bétail sur les champs pendant la saison sèche, où ils laissent leurs déjections. Cette pratique offre en outre l'avantage que les animaux détruisent les résidus de récolte. Dans le cas des cultures maraîchères, les surfaces cultivées étant petites, il est possible de recueillir ces déjections en d'autres endroits. De préférence, on les utilise pour faire du fumier dans une fosse fumière avant de l'épandre sur les parcelles. (voir: Fosse fumière)

Comme autre type d'engrais organique on peut signaler le compost. (voir: Compostage)

Inondation

L’inondation peut être utilisée comme méthode de lutte contre certains ennemis de cultures. Dans un sol inondé, beaucoup de ravageurs et de maladies ne peuvent pas survivre. En effet, la quantité de germes de maladies cryptogamiques dans le sol va se trouver diminuée après la période d'inondation. De plus, l'inondation peut tuer les chrysalides de lépidoptères et les nymphes d'autres insectes. Citons comme exemple la Petite chenille légionnaire (Spodoptera exigua) dont les chrysalides se trouvent dans le sol.

Un autre exemple important concerne les nématodes à galles (Meloidogyne sp.). Dans un sol inondé, les populations de nématodes décroissent pour atteindre un niveau très bas, si la période d’inondation est suffisamment longue. Une période d’au moins un mois est recommandée.

Bien que, le plus souvent, il ne soit pas possible pour le paysan d'inonder ses champs, il peut utiliser des champs qui sont inondés de façon naturelle. Cela est souvent possible dans les bas-fonds inondables ou sur les sols en bordure des fleuves et rivières, où l'on pratique des cultures maraîchères. Si l'on cultive la tomate sur une parcelle préalablement inondée, on rencontre peu de problèmes de nématodes (Meloidogyne).

Labour avant le semis

Le labour avant le semis est une pratique recommandée. Un avantage du labour est son effet direct sur nombre de ravageurs qui sont présents dans le champ. Le labour peut en effet déterrer beaucoup de chrysalides et d’oeufs de sauteriaux qui se trouvent dans le sol, les exposant ainsi à la chaleur du soleil et aux prédateurs (oiseaux insectivores, fourmis, carabides, etc.). On peut réduire ainsi les populations des ravageurs qui peuvent infester la nouvelle culture. De plus, ce labour supprime bon nombre de mauvaises herbes, ce qui est bénéfique aux jeunes plantules lors de leur développement car elles ne souffrent pas de concurrence des adventices pour l’eau, la lumière et les substances nutritives du sol..

D’une manière générale, l’on peut dire que dans un sol bien labouré, les plantes poussent mieux. En effet, dans la terre meuble la pluie peut entrer rapidement sans ruisseler et se perdre, et les plantes peuvent s'enraciner plus facilement et plus profondément. Il s’ensuit que les plantes se développent plus rapidement et deviennent plus vigoureuses, ce qui les rend moins sensibles aux ravageurs et aux maladies.

Lutte chimique

On peut tuer beaucoup de ravageurs avec des produits chimiques tels que les insecticides et les fongicides. Cependant, pour les paysans qui pratiquent une agriculture de subsistance, l'utilité de la lutte chimique est en général limitée. Le coût des produits est élevé et, le plus souvent, les produits ne sont pas disponibles.

Le traitement des semences est une méthode de lutte chimique efficace et qui reste le plus souvent, en raison de son faible coût et de sa rentabilité, à la portée des paysans. (voir: Traitement des semences)

Neem

Le neem (Azadirachta indica) est un arbre présent un peu partout au Tchad. Les graines de cet arbre contiennent une substance active que l'on peut utiliser comme insecticide. Le potentiel d'utilisation des extraits du neem comme produit insecticide ou répulsif est grand. C'est un produit efficace, gratuit et relativement non toxique.

Résumé du procédé d'utilisation du neem:

  • Ramasser les fruits ou les graines du neem sous les arbres.
  • Les laisser bien sécher á l'ombre pendant quelques jours.
  • Piler soigneusement les graines pour obtenir une poudre fine.
  • Mélanger la poudre avec de l'eau dans un récipient et faire macérer 12 heures.
  • Filtrer.
  • Ajouter un peu de savon (par exemple Cotontchad, ou savon dit “de Marseille”).
  • Asperger ou pulvériser sur les plantes.

Le produit actif se trouve principalement dans l'amande. C'est pour cela que si l'on utilise la poudre obtenue à partir des fruits entiers séchés, l’on a besoin d'une quantité double de celle obtenue à partir des graines seules.

Préparation de 10 litres de solution du neem:

  • On peut utiliser de petites boîtes de concentré de tomate pour mesurer la poudre. Une boîte remplie à ras contient 50 grammes de poudre environ.
  • Si l'on utilise la poudre obtenue à partir de graines, on a besoin de 10 boîtes rases pour 10 litres d'eau. Dans le cas de la poudre obtenue à partir de fruits entiers il faut 20 boîtes rases de poudre pour 10 litres d'eau.
  • On enveloppe la poudre dans une toile fine, ou on la place dans un sac de tissu fin.
  • On la plonge dans un seau contenant 10 litres d'eau et on la laisse macérer durant une nuit entière (environ 12 heures). On essore de temps en temps la toile et son contenu.
  • Le lendemain on dissout dans un peu d’eau 1 cuillerée environ de savon râpé. Puis l’on mélange la solution obtenue avec les 10 litres de décoction de neem.

Application:

On applique environ 500 litres/ha de bouillie (mélange neem et eau) en utilisant un pulvérisateur à dos. Si l’on ne dispose pas de pulvérisateur, on peut asperger le produit avec un arrosoir, ou avec un balai de tiges, feuillues et souples, que l'on trempe dans le seau. On dirige l'application sur les insectes visibles et sur les parties des plantes que l'on veut protéger. Dans le cas de pucerons et d'autres insectes suceurs on veille à bien traiter la face inférieure des feuilles.

Lutte contre les foreurs de tiges avec de la poudre de neem:

Dans les cultures de maïs et sorgho on peut appliquer un mélange de poudre de neem et de sciure de bois (ou de son) directement dans les cornets de la plante. Le mélange est constitué de 50% de poudre de neem et de 50% de sciure de bois. On applique une dose de 0,5 gramme de poudre de neem environ par cornet, soit 1 gramme de mélange par plante (une pincée). L'application commence environ 10 jours après la levée et se répète tous les 7 à 10 jours (méthode préventive). La pluie fera descendre le produit vers le bas du cornet, là où se trouvent les chenilles. Parfois, il n’est pas nécessaire de traiter toutes les plantes dans le champ. On peut limiter l’application à des zones où les plantes montrent des dégâts des foreurs de tiges (méthode curative).

Paillage

Le paillage (= mulching) est une pratique qui consiste à couvrir le sol, au pied des plantes cultivées, avec de la paille, du fumier bien décomposé ou une autre matière organique (par exemple coques d’arachides provenant du décorticage). Cela permet l'élimination de mauvaises herbes et améliore la couche superficielle du sol. De plus, le paillage permet une économie d'eau, ce qui est un atout important dans les cultures maraîchères irriguées manuellement.

Le paillage est recommandé contre les mouches blanches. L'utilisation du paillage peut diminuer les populations des mouches blanches et ainsi retarder (mais pas éviter) les viroses qu'elles transmettent. On recommande également le paillage pour réduire les populations des thrips.

Le paillage est une pratique culturale très avantageuse qui permet fréquemment une augmentation du rendement. On peut le recommander en général pour les cultures maraîchères (tomate, gombo concombre, laitue, etc.) et les arbres fruitiers.

Produits végétaux

Il existe un grand nombre de plantes qui ont des propriétés pesticides. Un exemple bien connu est celui du neem (= Margousier). Toutes les parties de cet arbre, mais surtout les graines, contiennent une substance active que l’on peut utiliser comme insecticide, et qui est efficace contre un grand nombre d'insectes tels que la Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera), la Teigne des choux (Plutella xylostella (L.) ), la Coccinelle des cucurbitacées (Henosepilachna elaterii (Rossi)), les thrips et les pucerons. (voir: Neem)

Un autre produit végétal possédant des propriétés insecticide est le tabac. Les extraits de tabac sont surtout efficaces contre les pucerons et les thrips. (voir: Tabac)

En outre, beaucoup d'autres plantes peuvent être utilisées pour préparer des extraits ayant des propriétés pesticides. Citons par exemple l'ail, le piment et l'oignon.

Protection des denrées stockées

Sélection du site et du produit avant le stockage:

La sélection d'un bon site pour le stockage du grain est très importante. Les greniers doivent être construits sur un sol bien drainé, ou de manière à être isolés du sol. Cela évite que le bâtiment, le grenier ou le silo soit inondé lors de la saison des pluies ou subisse des remontées d'humidité à partir du sol. Le grenier doit être autant que possible éloigné des champs de céréales: Cela contribue à protéger le grain contre les insectes ravageurs qui s'y trouvent en abondance.

On réduit le risque de pertes en ne retenant pour le stockage à long terme que des graines propres et saines; il convient par conséquent de les trier soigneusement. En effet, les graines cassées, les brins de paille et les saletés augmentent les risques d'infestation du stock par les insectes et les moisissures.

Choix d'un type de stockage adapté aux conditions locales:

L'exemple suivant émane d’un paysan à Mongo. Il concerne une méthode pour conserver un stock caché de mil pendant plusieurs années. On fait un tel caché afin de pouvoir survivre les années où les récoltes sont très mauvaises.

Tout d'abord on creuse un trou profond; sa profondeur peut atteindre 2,5 mètres, et son diamètre 1 mètre environ. On construit ensuite dans le trou une gaine, d'un diamètre de 70 cm environ, constituée de tiges et de paille tressées. Sur le fond du trou, en dessous de la gaine, on place une couche de 50 cm de glumes de mil. L'espace entre la paroi de terre et la gaine est rempli avec des glumes de mil bien tassés. On verse alors le mil à stocker jusqu'à 60 cm en dessous du niveau du sol, et on le recouvre avec un couvercle d'argile séchée. Sur ce couvercle on verse encore une couche de glumes de mil, que l'on tasse bien. On ferme enfin le trou avec une couche de terre. On construit de cette manière des greniers à mil dans le sol de certaines cases afin d'éviter l'humidité durant la saison des pluies. Seuls le paysan, et l'un de ses enfants à qui il a confié le secret, savent où se trouve le stock. Selon le paysan, on peut garder un tel stock pendant 10 ans sans qu'il soit endommagé par les termites ou autres ravageurs.

Stockage de produits non battus:

Si les enveloppes n'ont pas été endommagées pendant la récolte et le séchage, elles offrent une certaine protection contre les attaques d'insectes (maïs, riz). L'enveloppe de nombreuses variétés traditionnelles de maïs recouvre entièrement l'épi et le protège. Pour un stockage à long terme, il importe de sélectionner les épis entièrement recouverts d'une enveloppe intacte. Les enveloppes du riz (glumes et glumelles) sont très siliceuses et, de ce fait, protègent les grains contre les attaques d'insectes.

Une autre condition pour une bonne conservation est que la teneur en eau des graines dans l'épi ne soit pas trop élevée lors de la mise en stock. Les épis trop humides moisissent rapidement, les enveloppes fournissant des conditions favorables au développement des moisissures. Séchez-les le mieux possible avant de les stocker.

Hygiène:

Pour prévenir la détérioration des produits stockés, il est essentiel de prendre de sérieuses mesures d'hygiène. Les magasins, silos, greniers, jarres, paniers, sacs, etc. et leurs alentours immédiats doivent être tenus aussi propres que possible. Il faut les contrôler avant de s'en servir pour voir s'ils ne présentent aucun trou, fente, cassure, etc., et les réparer au besoin.

La nouvelle récolte ne doit jamais être stockée avec les restes de la récolte précédente. Aussi, nettoyez soigneusement les conteneurs avant d'y mettre le grain. Ne stockez jamais de produits dans des sacs qui ont déjà servi sans les avoir lavés et au besoin réparés. Les sacs, quand c'est possible, doivent être bouillis dans de l'eau et séchés au soleil. Avant de remplir un grenier traditionnel en terre séchée avec la nouvelle récolte, il faut faire un feu dedans pour éliminer toutes les maladies et ravageurs.

Il convient d’éviter l'absorption d'eau pendant le stockage du produit. Pour cela, déposez le produit sur une feuille de plastique afin d’éviter les remontées d’humidité. Pour le stockage en sacs, empilez les sacs de préférence sur des palettes. Les palettes peuvent être faites de lattes de bois de différentes tailles, par exemple 200 x 5 x 10 cm ou 150 x 5 x 25 cm. Les sacs doivent toujours être convenablement empilés de façon à ce que l'air puisse passer au travers pour sécher et refroidir le grain. Un espace de 40 cm au moins doit être laissé entre les murs et le produit empilé en sacs pour réduire la condensation et faciliter l'inspection et le nettoyage.

Il est recommandé de désigner un responsable de l'hygiène et de l'entretien du magasin. Le principe à suivre lors du stockage est le suivant: Le premier produit stocké doit être retiré en premier.

Séchage:

Le séchage prévient la germination des graines, la croissance des bactéries et des moisissures et permet de créer des conditions moins favorables au développement des insectes. Il est donc nécessaire de sécher le grain avant de le stocker. La méthode de séchage dépend des conditions locales. Utilisez au maximum le soleil et le vent et prenez les mesures appropriées pour éviter que les produits séchés ne soient remouillés par la rosée ou la pluie. L'exposition au soleil du grain étendu sur des feuilles ou des surfaces dures provoque la fuite des insectes adultes qui ne supportent ni les températures élevées, ni la lumière forte. Le soleil ne détruit pas forcément les oeufs et les larves à l'intérieur des graines. Les graines mises à sécher au soleil doivent régulièrement être retournées afin que la chaleur soit distribuée de façon égale. Des produits comme le maïs, le mil et le sorgho peuvent être laissés à sécher dans le champ et récoltés ensuite.

Une méthode efficace pour sécher le grain est de le mélanger à des matériaux absorbant l'eau avant de le mettre dans des conteneurs étanches à l'air. Les matériaux utilisables sont la cendre de bois ou de paille, l'argile séchée au four, etc. Le matériau sec ajouté absorbe l'eau du produit avec lequel il est stocké.

Vannage:

Le vannage est utile pour enlever les glumes, les glumelles, la paille, les débris végétax divers, la poussière, et de la saleté du grain. En outre, certains insectes sont éliminés de cette manière.

Tamisage:

Les insectes présents dans le grain peuvent être retirés par le tamisage. Les trous du tamis doivent être plus petits que les grains. Les insectes qui passent au travers du tamis sont ramassés et détruits (brûlés).

Remuage des graines stockées:

Le remuage des graines stockées est une pratique très simple, qui peut être effectuée à petite échelle au niveau d’un foyer de petits paysans. La larve d'un coléoptère a généralement besoin d'au moins 12 heures pour pénétrer dans une graine. Pour faire cela, elle doit s'appuyer contre la graine voisine, qui doit rester fixe pendant toute l’opération de pénétration. Si l'on déplace et agite donc les graines à intervalles fréquents, cela peut gêner et éliminer l'infestation. De plus, les adultes de certains insectes tels que ceux de la Bruche du niébé et du Capucin des grains (Rhyzopertha dominica) sont très sensibles aux chocs, ce qui fait qu’un remuage vigoureux est susceptible de les tuer.

Pour que le remuage soit efficace contre les larves de plusieurs coléoptères, tous ou du moins la plupart des graines contenues dans un récipient doivent changer de position chaque fois que le récipient est remué. A cet effet, il ne faut remplir les récipients, tels que des sacs de jute, des seaux de plastique, des pots de terre ou des paniers, qu'à la moitié ou 75 % au plus. Les sacs doivent être basculés vers l'avant et vers l'arrière au moins deux fois par jour. Les seaux, soigneusement fermés, doivent être placés sur le côté et tournés au moins d’un tour entier deux fois par jour. Les paniers et les jarres doivent être secoués vigoureusement. Si les enfants sont chargés du remuage, les récipients de stockage doivent être suffisamment légers pour qu'ils puissent les déplacer. Au début du stockage, juste après la récolte, il faut trois semaines de remuage régulier pour prévenir le développement des coléoptères dans le stock. Ensuite, il convient de vérifier les graines toutes les deux ou trois semaines. Si l'on découvre une réinfestation, on reprend un cycle de remuage de trois semaines.

Utilisation de produits d'origine végétale:

De nombreux additifs d'origine végétale, comme les feuilles de certaines plantes et des huiles, présentent une certaine efficacité pour lutter contre les insectes présents dans les produits stockés. Utilisés adéquatement, ces additifs ont un effet protecteur. Les paysans à Mongo, par exemple, utilisent des rameaux frais de l'arbuste Boscia angustifolia A.Rich.(Capparidaceae), “mikhèt” en arabe tchadien, pour couvrir le stock de mil ou de sorgho dans leurs greniers traditionnels.

Un grand nombre d'huiles végétales peuvent être utilisées pour protéger les légumineuses stockées. Elles présentent l'avantage d'être faciles à appliquer. Les huiles testées et utilisées avec succès sont les huiles d'arachide, de noix de coco, de carthame, de moutarde, de ricin, de coton, de soja, de neem et de maïs. Les huiles ne sont pas toutes efficaces. Par exemple, l'huile de tournesol n'est pas toujours efficace. L'huile peut être appliquée de manière préventive et de manière curative. Utilisez seulement de petites quantités d'huile, par exemple 5 ml environ par kg de haricots battus (cela fait à peu près 1 cuillère à café d'huile par koro). Mélangez soigneusement l'huile et le produit. Utilisez pour cela un grand pot ou un autre récipient et traitez le produit par petites quantités. Si une petite partie de la graine n'est pas recouverte d'huile, l'insecte pourra y pondre ses oeufs et les larves pourront pénétrer dans la graine.

L'enrobage huileux gêne la reproduction des insectes adultes qui ne peuvent plus pondre leurs oeufs dans la graine. Les larves à l'extérieur ne peuvent pas entrer dans la graine à cause de la couche d'huile visqueuse. L'huile peut aussi tuer les oeufs d'insectes. Si l'oeuf est déjà présent à la surface ou à l'intérieur de la graine, la couche d'huile empêche les échanges gazeux: la larve à l'intérieur de l'oeuf ou de la graine meurt par manque d'air. Après le traitement, le produit peut être mis en sac. La durée de l'effet protecteur dépend du type d'huile utilisé et des conditions, mais est de 3 mois au moins, souvent jusqu'à 6 mois.

L'utilisation d'huile présente certains inconvénients: L'huile peut avoir un effet néfaste sur le pouvoir de germination des graines traitées. Il est donc conseillé de traiter d'une autre façon les graines réservées comme semences. Les huiles végétales doivent seulement être utilisées pour protéger les céréales ou les haricots destinés à l'alimentation. Un deuxième inconvénient est que l'huile rancit parfois et donne au produit un goût désagréable.

Utilisation de minéraux:

Certains minéraux comme le sable fin, la poudre de latérite, la chaux et la cendre sont utilisés pour protéger le grain stocké contre les insectes. Mélangés au grain battu, les minéraux remplissent l'espace entre les graines, empêchant ainsi le mouvement et la propagation des insectes dans le produit stocké. En outre, la quantité d'air présente au sein du stock est fortement diminuée ce qui provoque un ralentissement du développement des insectes et des moisissures. Les minéraux ne préviennent pas tous les dégâts mais gênent l'activité des insectes nouvellement éclos. Les insectes ont plus de mal à trouver des partenaires et sont obligés de déposer leurs oeufs sur une quantité relativement petite de graines ou de haricots. Quelques minéraux ont d'autres effets également utiles: Le sable et la latérite grattent la cuticule (peau) des insectes (effet abrasif). Une cuticule abîmée ne protège plus l'insecte contre la perte d'eau. Si le grain est sec, l'insecte ne peut pas remplacer l'eau perdue et se dessèche.

La quantité de minéraux nécessaire dépend des circonstances et du minéral. Le sable est efficace dans une proportion de 1 kg par 10 kg de produit. Pour la cendre, 1 kg suffit pour protéger 40 kg de produit. Ces données sont approximatives. Les minéraux utilisés doivent être extrêmement secs. Les minéraux humides mouillent les produits stockés et l'humidité engendrée stimule le développement des moisissures.

On a obtenu de bons résultats en traitant du niébé ou du maïs avec de la cendre. Il faut ouvrir les sacs chaque mois pour ajouter de la cendre fraîche, car la cendre retombe lentement au fond du sac. De cette manière le maïs et le niébé peuvent être stockés pendant plusieurs années. Dans de nombreux cas, la cendre s'est révélée plus efficace que le malathion à 2%.

Ramassage à la main

Le ramassage à la main est une méthode de lutte parfois recommandée pour détruire de grands insectes bien visibles. C'est une méthode surtout utilisable sur de petites parcelles, par exemple dans les cultures maraîchères.

Comme exemple d'insectes faciles à ramasser à la main on peut citer les Méloïdes. Ce sont de grands coléoptères très visibles à cause de leur taille et de leur coloration. Souvent ils attaquent les fleurs, par exemple celles du gombo ou de l'arachide. On peut trouver d’autres espèces sur les chandelles du mil. Il faut se protéger les mains contre le contact avec les Méloïdes parce qu’ils sécrètent un liquide qui brûle la peau. Par exemple on peut utiliser un sachet en plastique pour se couvrir les mains.

Une grande chenille que l'on peut ramasser facilement, est celle du Sphinx de la patate douce. Quelques grandes punaises et sauteriaux peuvent également être ramassés à la main si les parcelles sont petites.

Les chenilles de Spodoptera (par exemple Spodoptera littoralis) sont faciles à détruire peu après leur éclosion, car elles restent groupées sur la feuille qui les a vu naître. Il faut détruire les feuilles attaquées, ou celles qui portent leurs pontes.

Il faut effectuer les ramassages tôt le matin de préférence: Tout d’abord parce que la température est encore basse, ce qui rend les insectes moins mobiles; ensuite parce que l’on peut encore rencontrer les insectes qui sont actifs pendant la nuit, par exemple la chenille de la Noctuelle de la tomate (Helicoverpa armigera).

Répulsion des ravageurs

On peut parfois protéger les cultures par la répulsion des ravageurs. Comme exemple de ravageurs que l’on peut écarter de cette façon, on peut citer les oiseaux granivores. Ils existent un certain nombre de méthodes pour la répulsion des oiseaux: On peut utiliser des épouvantails. On peut aussi placer des drapeaux, ou des bandes de plastique (bandes magnétiques) entre les plantes. Avec le vent ils produisent des mouvements ou des sons qui chassent les oiseaux. Plus efficaces sont les méthodes qui demandent la présence du paysan pour chasser les oiseaux. Il peut faire du bruit à l’aide de cordes auxquelles on a attaché des boîtes métalliques, ou il peut utiliser des lance-pierres ou des frondes pour chasser les oiseaux hors des champs.

Comme méthode de répulsion des ravageurs, on peut citer aussi l’utilisation de fumée pour chasser les méloïdes qui attaquent les chandelles du mil. Pendant la nuit on peut allumer de petits feux sur les bords du champ pour produire une fumée répulsive pour ces insectes. Certains rapports recommandent de ramasser quelques insectes et de les brûler dans le feu pour que la fumée soit plus efficace.

Rotation des cultures

La rotation des cultures est la pratique qui amène à cultiver chaque année une culture différente sur une parcelle donnée. Cette pratique est généralement recommandée pour réduire l’impact des insectes et des maladies. En effet, si l'on implante chaque année la même culture (ou des cultures de la même famille botanique) sur la même parcelle, les populations des ravageurs et maladies augmentent au cours du temps, de même que leurs dégâts. De plus, la fertilité du sol peut diminuer rapidement. Par conséquent, il est recommandé de pratiquer une rotation des cultures.

Sans rotation des cultures, on peut, par exemple, rencontrer des problèmes avec les nématodes. Dans un champ où l'on cultive la tomate, les nématodes (Meloidogyne sp.) survivent dans le sol après la récolte. Si, l’année suivante, on cultive de nouveau la tomate, les nématodes, qui ont généralement un pouvoir de multiplication élevé, peuvent devenir un problème très grave. On a le même problème si, après la tomate, on cultive une plante sensible aux Meloidogyne (par exemple le gombo). En revanche, si on la remplace par une plante qui n'est pas attaquée par les Meloidogyne, les populations de nématodes vont diminuer. Une culture peu sensible aux Meloidogyne est le sorgho. La culture du sorgho, succédant à celle de la tomate, entraîne une réduction des populations de Meloidogyne dans le sol.

La rotation des cultures est également très utile pour lutter contre beaucoup de maladies cryptogamiques. Par exemple, une maladie commune du sorgho est l'Anthracnose (Colletotrichum graminicola). Après la récolte cette maladie peut survivre sur les résidus qui restent dans le champ. Si l'on cultive de nouveau du sorgho l’année suivante, on peut prévoir une infestation d'Anthracnose plus précoce et plus sévère. Mais, si l'on cultive d'autres espèces de plantes pendant une ou deux années, la quantité de germes d'Anthracnose présente dans le champ va diminuer jusqu'à atteindre un niveau acceptable.

Un autre exemple où la rotation est recommandée est celui de la lutte contre le Charançon de la patate douce (Cylas sp.). Cet insecte s'alimente uniquement sur la patate douce. La rotation avec d'autres cultures peut jouer un rôle important dans la réduction de ses populations.

La rotation d'une céréale avec une légumineuse est souvent très utile. Ce sont des plantes si différentes que les insectes et les maladies qui attaquent l'une, ne peuvent normalement pas survivre sur l'autre. Il est donc recommandé pour les cultures de céréales (sorgho, mil, maïs) de faire une rotation avec une légumineuse comme l'arachide ou le niébé: Il en résulte une bonne protection contre beaucoup de ravageurs. De plus, la légumineuse aide à améliorer la fertilité du sol par un apport d’azote organique.

De même, si l'on laisse la parcelle une année en jachère, bon nombre de maladies et ravageurs des cultures qui se trouvent dans le sol vont diminuer.

Sarclages

Les sarclages sont tout d’abord un moyen de lutter contre les mauvaises herbes. Le moment du sarclage est très important. Le premier sarclage est plus facile, et surtout plus efficace s’il est pratiqué tôt, par exemple 2 semaines après la levée. On doit répéter ensuite le sarclage 2 ou 3 fois, au moment où les mauvaises herbes commencent à reprendre.

Les sarclages ont d’autres effets avantageux: Ce faisant, on déterre des oothèques de sauteriaux, des larves ou des chrysalides d'insectes qui se trouvent dans le sol. Le sarclage, en outre, ameublit le sol, facilite l'infiltration de l'eau et l’enracinement des plantes cultivées.

Savon

Une méthode très simple de lutte contre les pucerons et les thrips consiste à pulvériser une solution savonneuse. Dans 5 litres d'eau on mélange 30 grammes de savon (par exemple savon Cotontchad ou savon de Marseille) ou 30 ml de savon liquide. Il est recommandé de tester la solution sur quelques plantes-témoins pour être sûr de ne pas endommager les plantes. Après 2 jours on peut inspecter les plantes pour s’assurer que cette solution n’a pas brûlé les feuilles.

Sélection des semences

Une bonne qualité des semences est la garantie d’une culture saine et d’une bonne récolte. La sélection des semences est une pratique que le paysan peut utiliser pour améliorer la qualité de ses semences.

Il existe un grand nombre de maladies transmises par les semences. Par exemple, sur les épis de mil ou de sorgho, on peut trouver des charbons. Sur les épis de mil, on peut également avoir des graines envahies par l'ergot. Si l’on utilise la prochaine année de la semence infectée par ces maladies, on obtiendra des plants malades. La sélection d'épis non infectés est une méthode pour obtenir une culture plus saine.

Même si l’on sélectionne ou l’on utilise des semences saines, il est quand même recommandé de traiter les semences avant le semis avec un fongicide. (voir: Traitement des semences). Cela donne une protection additionnelle contre les maladies qui se trouvent déjà dans le sol et contre certaines maladies cryptogamiques dont les spores se trouvent à la surface des graines.

La sélection des semences n'est pas recommandée uniquement pour obtenir des semences saines. Elle est aussi très utile pour améliorer la qualité de la variété en général. Dans un champ, toutes les plantes sont différentes. Quelques plantes peuvent avoir des caractéristiques plus désirées que d'autres plantes. Pendant la saison, le paysan peut observer régulièrement ses plantes et marquer les plantes qu'il préfère à l’aide, par exemple, d’un petit ruban ou d’un piquet. Au moment de la récolte il peut garder les graines des plantes marquées pour les semer l’année suivante. Ainsi, par cette sélection, il va améliorer petit à petit la qualité de sa variété. On peut baser la sélection des plantes sur des caractéristiques de la plante comme la hauteur, l’abondance du tallage, la résistance de la tige, la taille et la couleur des graines, le nombre de graines par épi, etc. Mais on peut aussi observer quelles sont les plantes qui demeurent saines ou sont moins attaquées par des insectes. Ainsi faisant, le paysan applique systématiquement une sélection pour obtenir progressivement des plantes qui résistent mieux aux ennemis de cultures.

Le paysan peut donc ainsi, au moment de la récolte, sélectionner les meilleures semences et les stocker jusqu'au prochain semis. Au moment du semis il lui est recommandé de pratiquer encore une sélection pour exclure les graines trop petites, tachées, déformées ou cassées. Ainsi il sèmera uniquement de la semence de très bonne qualité.

Semis simultanés

Le terme “semis simultané” signifie que la plupart des paysans, dans un endroit donné, effectuent le semis au même moment. En conséquence, la levée a lieu aussi quasi simultanément pour une même variété, dans les différents champs.

Un grand nombre d'insectes n'attaquent qu'un seul stade de la plante. Par exemple la mouche des pousses attaque les plantules; la cécidomyie du sorgho ne cause de dégâts qu’au stade des grains laiteux.

En cas de semis simultanés, la période où les insectes trouvent le stade préféré de leur hôte est plus courte. Cette pratique culturale a donc pour avantage que la période pendant laquelle les insectes ou les maladies peuvent se développer n'est pas suffisante pour atteindre des densités très élevées.

Le semis simultané demande une entente entre les différents paysans dans un endroit donné. Ensemble ils doivent décider à quel moment ils vont semer.

Une méthode de synchronisation de la levée est le semis à sec. Si, dans un endroit donné, on sème avant les premières pluies, cela permettra automatiquement une levée simultanée de la culture (si les variétés semées sont les mêmes). Dans ce cas il est nécessaire de traiter les semences afin de protéger les grains dans le sol.

Solarisation

Si le sol contient beaucoup de nématodes, maladies ou mauvaises herbes, on peut pratiquer la solarisation. C'est une méthode qui utilise la chaleur du soleil pour stériliser le sol. Tout d'abord, on arrose le sol pour qu'il soit bien gorgé d’eau. Puis on le couvre avec une feuille de plastique transparent (ou opaque, si l’on ne dispose pas de plastique transparent). Sur les bords de la feuille, on place des pierres pour la maintenir bien fixée. Le sol doit rester couvert pendant une période de 6 à 8 semaines. On réalise de préférence cette opération pendant une période chaude et très ensoleillée (saison sèche). Le rayonnement solaire engendre dans ce cas une forte élévation de la température du sol. Cette chaleur tue un grand nombre de nématodes, pathogènes, et semences des mauvaises herbes

La solarisation du sol est une méthode dont l’emploi est surtout recommandé pour de petites parcelles. On l’utilise en particulier pendant la saison sèche pour stériliser le sol destiné à la réalisation des pépinières.

Pour les paysans pratiquant une agriculture de subsistance, le prix des feuilles de plastique peut représenter un obstacle. Cependant, on peut récupérer les feuilles et les utiliser pendant quelques saisons de culture. Pour stériliser le sol des pépinières, on n’a besoin que de quelques mètres carrés de feuilles de plastique.

Tabac

Le tabac contient de la nicotine qui est un poison organique très toxique. Ses feuilles et ses tiges sont utilisés pour préparer des bouillies que l'on pulvérise pour lutter contre nombre d'insectes (pucerons, chenilles, altises, thrips, mineuses de feuilles) et d'acariens. Nous donnons ci-après deux méthodes de préparation d’une bouillie insecticide à partir de tabac:

Méthode 1:

Ecraser ou piler 1 kg de tiges et feuilles de tabac, puis mélanger le broyat obtenu à 15 litres d'eau, avec un peu de savon. Laisser reposer le mélange 1 jour, puis le filtrer soigneusement afin d'éliminer les particules végétales. Traiter avec la solution obtenue en utilisant un pulvérisateur équipé d'une buse pour pulvérisations fines.

Méthode 2:

Mélanger 250 grammes de tabac (par exemple provenant de la collecte de mégots de cigarettes) à 4 litres d'eau. Ajouter 30 grammes de savon (par exemple Cotontchad, ou savon dit “de Marseille”). Laisser bouillir faiblement le mélange pendant 30 minutes, puis le filtrer soigneusement. Ajouter 16 litres d'eau propre au filtrat et traiter avec la solution ainsi obtenue à l'aide d'un pulvérisateur équipé d'une buse pour pulvérisations fines.

Avertissement:

La nicotine est très toxique pour les mammifères, aussi bien par ingestion que par contact avec la peau. En conséquence, éviter le contact avec la bouillie lors de la préparation et de la pulvérisation. Sur les plantes comestibles, observer un délai de carence de 4 jours avant la récolte.

Température:

Les meilleurs résultats avec des bouillies insecticides à base de tabac sont obtenus à des températures au-dessus de 30 ºC.

Poudre de tabac:

Parfois on peut utiliser de la poudre de tabac (préparée en broyant des feuilles et tiges séchées) comme protection contre certains insectes (thrips par exemple).

Traitement des semences

Le traitement des semences est une méthode de lutte chimique qui, le plus souvent, demeure à la portée des paysans. Il donne une protection aux semences lorsqu’elles sont dans le sol, et même aux jeunes plantules, si le produit est bien choisi. Pour traiter les semis, on utilise souvent un produit contenant un insecticide et un fongicide. Cela donne une protection contre nombre d'insectes, tels que, par exemple les termites et la mouche des pousses, ainsi que contre quelques maladies transmises par la semence, telles que par exemple le charbon couvert du sorgho. Le traitement des semences est particulièrement utile dans le cas où l’on pratique un semis à sec.

L'utilisation du traitement des semences offre quelques avantages: La méthode n'est pas chère, car on n’a besoin que de petites quantités de produit. Elle est très simple et relativement sûre pour le paysan. De plus, on n'a pas besoin d’appareils compliqués et chers. En outre, le traitement des semences accroît en général la densité de levée et la vigueur germinative, ce qui contribue à accroître les rendements, particulièrement les années où la pluviométrie est faible et/ou irrégulière.

Le traitement des semences est recommandé en général comme méthode de lutte préventive.

Un produit souvent disponible au Tchad est le Calthio. C'est une poudre rouge qui contient un insecticide (Lindane 20%) et un fongicide (TMTD = Thiram 25%). On utilise un petit sachet de 25 grammes de Calthio pour traiter 10 kg de semences.

Il existe d’autres produits très efficaces pour le traitement des semences. Certains contiennent un fongicide systémique. Ce type de fongicide est absorbé par la plante et donne une protection contre les maladies correspondant à son spectre d’activité pendant quelques semaines. Pour les paysans et les encadreurs il est nécessaire de se renseigner sur la disponibilité de ce type de produits.

D’autres produits sont particulièrement intéressants. Ils contiennent un insecticide systémique associé à un fongicide (systémique ou de contact): Ils peuvent permettre de lutter contre les pucerons ou d’autres insectes suçeurs-piqueurs pendant les premières semaines après la levée. Comme beaucoup de pucerons, jassides et mouches blanches sont des vecteurs de viroses et d’autres maladies, la diminution des attaques de ces suçeurs-piqueurs réduit l’incidence de ces maladies: Le nombre de plants atteints est plus bas et le développement des maladies est plus tardif. Les produits mixtes donnent en général de bien meilleurs résultats que ceux qui ne contiennent qu’un fongicide, car il y a une synergie de l’action de leurs constituants. En effet, les morsures et les piqûres d’insectes sont la porte d’entrée de nombre de maladies des jeunes plantules à la levée.

Variétés résistantes ou tolérantes

Dans toutes les cultures, il existe diverses variétés avec des caractéristiques spécifiques. Il existe, par exemple, des variétés de sorgho qui sont précoces, et d'autres qui sont tardives; ou bien des variétés de tomates avec des fruits allongés et d'autres avec des fruits ronds.

Pour beaucoup de cultures il y a aussi des variétés qui sont résistantes ou tolérantes à certains insectes ou maladies. Par exemple, il existe des variétés de mil résistantes au mildiou; et l’on signale des variétés d'oignons qui sont légèrement tolérantes aux attaques de thrips.

Une variété de plante est résistante, si le ravageur ne peut pas y vivre ou s’y multiplier. Une plante résistante à un ravageur ne souffre donc pas de dégâts causés par ce ravageur. Par exemple, il existe des variétés de coton qui sont résistantes aux jassides parce qu'elles ont des feuilles poilues. Les poils forment une barrière contre ces petits insectes. D’autres exemples sont les variétés de mil qui possèdent une résistance à certaines maladies comme le mildiou. Sur une plante résistante le mildiou ne se développe pas.

Sur une variété tolérante, le ravageur peut vivre sur la plante, mais la plante n'est pas gravement affectée par ce ravageur. Par exemple, le gombo peut tolérer des attaques légères de chrysomèles. Ces coléoptères s'alimentent sur les feuilles où ils font de petits trous. Un petit nombre de trous est toléré par la plante sans affecter le rendement.

L'utilisation de variétés résistantes est une méthode très appropriée pour éviter les dégâts causés par les ravageurs et les maladies. Mais il est difficile de savoir quelle variété recommander: Une variété qui prospère dans un endroit, peut donner de mauvais résultats dans un autre endroit où l'environnement est différent; et une variété ayant une résistance contre un ravageur donné peut avoir des caractéristiques indésirables. Souvent les variétés locales ont des caractéristiques désirées par les paysans. Cela inclut parfois la résistance ou la tolérance à certains ennemis de cultures.

Avant de recommander une nouvelle variété, il est nécessaire de l'essayer en collaboration avec le paysan. Par exemple, dans le champ du paysan, on peut semer quelques lignes de cette nouvelle variété. Ainsi on peut les comparer avec les variétés locales pendant quelques années, puis le paysan peut décider s'il accepte ou refuse la nouvelle variété.

Au Tchad, les sources d’approvisionnement en semences de variétés améliorées sont les centres semenciers et les fermes qui sont responsables pour la multiplication de semences. Citons par exemple la station de Gassi (Chari-Baguirmi), la ferme de Déli (Logone Occidental), et la SODELAC à Bol (Lac).

 

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